Le trauma transgénérationnel : il nous affecte tous, à des degrés différents.
Le trauma transgénérationnel, comme précisé sur « nospensées.fr », est un impact, un transfert pour lequel la douleur émotionnelle, physique ou sociale dont souffre une personne à un moment donné se transmet aux nouvelles générations d’une manière telle qu’il va au-delà d’un simple comportement acquis. Nous parlons surtout de l’épigénétique et de la manière dont l’influence de l’environnement peut changer l’expression de différents gènes.
Le sujet n’est pas nouveau. En fait, le trauma transgénérationnel doit son origine d’étude aux décennies postérieures à la Seconde Guerre Mondiale. C’est à cette période que divers travaux purent démontrer que les générations descendant des survivants de l’Holocauste adoptaient des comportements déterminés (cauchemars, problèmes affectifs et problèmes de comportement) qui mettaient en évidence le fait que le trauma original des grands-parents continuait d’être contenu de manière différente chez les petits-enfants.
Nous pourrions sans aucun doute dire que tout cela peut se déterminer par le style d’éducation et le schéma éducatif, sans oublier le poids du souvenir et de cette narration consciente ou inconsciente qui englobe toute dynamique familiale. Celle grâce à laquelle le passé continue d’être présent par différents moyens. En revanche, c’est quelque chose qui va au-delà, quelque chose qui, comme nous l’avons déjà mentionné, peut survenir à un niveau génétique.
Par exemple, pensons à l’effet qui peut être associé au fait d’avoir souffert d’une dénutrition. Pensons également à l’impact génétique que peuvent occasionner la peur et la souffrance exprimés par des niveaux de cortisol élevés qui pendant plusieurs années peuvent causer des ravages au sein d’un organisme. Réfléchissons également aux traumas que nous canalisons parfois, que nous évacuons et qui se traduisent quasiment chaque fois par l’apparition du stress post-traumatique et de dépressions chroniques…
Les générations postérieures à la personne qui a souffert du trauma original ne développent pas obligatoirement ces mêmes troubles, mais elles seront très certainement plus vulnérables que d’autres personnes à l’anxiété, au stress et à la dépression.
Le trauma transgénérationnel : un exemple.
Le trauma transgénérationnel d’une personne qui a souffert d’abus sexuels de la part d’un membre de sa famille pendant une bonne partie de enfance et de son adolescence. Elle a grandi dans un environnement déstructuré dans lequel sa mère fut également maltraitée pendant son enfance. Une fois qu’elle put sortir de ce scénario, ayant atteint la majorité, elle refusa de recevoir un soutien psychologique pour faire face à ce traumatisme. Elle souhaitait seulement oublier, tourner les pages le plus vite possible.
L’empreinte, la blessure, resta enfouie en elle et s’exprimait par divers moyens : anxiété, troubles alimentaires, faible estime personnelle, hyper-vigilance, dépression, insomnie… A cela, on lui ajoute un système immunitaire fragile, avec des faibles défenses qui font d’elle une personne vulnérable aux infections, aux grippes, aux allergies…
Cette femme a désormais un garçon de 7 ans. C’est sa raison de vivre et tout son monde, elle a trouvé en lui une stabilité et la force, en plus d’une raison de prendre davantage soin d’elle. En revanche, elle se rend compte qu’éduquer son enfant est de plus en plus compliqué : il dort mal, a des problèmes d’attention, des colères…. Lorsqu’on l’appelle depuis le collège, elle a la sensation que l’on remet en cause son rôle de mère, jusqu’à atteindre la sensation claire du fait que « quelque chose est mal fait ».
Le trauma transgénérationnel non affronté a son impact sur la génétique.
La dernière chose que devrait faire notre protagoniste est de douter d’elle-même en tant que mère. Peter Loewenberg, psycho-historien et professeur de l’Université de Californie, est l’un des plus grands experts en étude des trauma-transgénérationnels et c’est lui qui nous explique que les douleurs et faits traumatiques non affrontés impactent les générations suivantes par différents moyens.
Le trauma transgénérationnel et l’épigénétique.
Le trauma transgénérationnel a un lien avec l’épigénétique.
Au collège, on a tous appris que nous recevons les gènes de notre mère et de notre père, et que ce matériel génétique définit nos traits physiques, l’intelligence et parfois même la tendance à hériter de maladies déterminées. En revanche, accepter le fait que les traumas en tant que tels s’inscrivent également dans les chromosomes d’une même lignée familiale est sans doute quelque chose de plus difficile à croire.
L’épigénétique fit un saut qualitatif à partir de la génétique plus orthodoxe afin d’expliquer différents phénomènes. La première est que notre style de vie, le milieu dans lequel nous vivons, notre régime et même des faits traumatiques déterminés peuvent générer des changements génétiques dans notre descendance.
Cela s’explique par une petite « étiquette » chimique appelée « épigénome ». Ce que réalise ce minuscule élément est quelque chose d’aussi fascinant qu’impactant : il modifie l’expression de gènes déterminés en fonction des variables signalées précédemment.
En revanche, le trauma transgénérationnel ne signifie pas pour autant que le fait douloureux expérimenté par nos parents ou grands-parents va nous déterminer à 100%. Ce qui existe est une probabilité plus élevée de souffrir de dépression, d’anxiété, de troubles du sommeil, de problèmes émotionnels, d’hyperactivité…
Dans tous les cas, il est nécessaire de se faire accompagner afin de trouver les mécanismes et stratégies adéquates permettant de renouer avec son passé et de surmonter ainsi le traumatisme.