Pardonner ne rend pas heureux : voir le pardon autrement.

Pardonner ne rend pas heureux et à ce sujet, Alice Miller, psychanalyste, a écrit un livre très intéressant « Abattre le mur du silence ».

En effet, vous l’avez sûrement souvent entendu, pardonner rendrait heureux…

Prenons le cas hélas fréquent d’un enfant qui a subi la violence physique ou psychologique. Pardonner à ses parents ne garantit pas la guérison.

Ainsi, la psychanalyste regrette que de nombreux discours expliquent que les personnes dont les souffrances sont liées à des maltraitances subies dans l’enfance doivent apprendre à pardonner, que c’est leur attitude rancunière qui les rend malades.

Pardonner ne rend pas heureux : le refoulement en question.

En partie à cause de ce discours, certains vont tenter de tout pardonner. Or, en faisant cela, ils entretiennent leur douleur car le refoulement de leur enfance demeure.

Le refoulement a bien sûr son aspect positif. Dans l’enfance, il va aider à survivre face à des situations cruelles.

Mais chez l’adulte, il va au contraire empêcher de vivre sa vie de manière consciente et responsable.

De nombreuses personnes (y compris des professionnels) ne comprennent pas que ce sont précisément les blessures de l’enfance qui les empêchent de vivre pleinement.

Pardon et pédagogie noire

Pour Alice Miller, le refoulement est nécessaire pour les enfants qui sont victimes de violences éducatives, quelle qu’en soit la forme (coups, négligence émotionnelle, amour conditionnel, violence psychologique…).

Toutefois, le refoulement n’a plus de nécessité pour les adultes.

En effet, un petit enfant est entièrement dépendant de ses parents et il ne peut pas faire autrement que les aimer et penser qu’ils ont forcément raison (notamment raison de le maltraiter parce que l’enfant est mauvais, parce que c’est dans son intérêt).

La psy affirme qu’exploiter cette dépendance, abuser de cette confiance est un crime.

L’enfant intériorise le discours de la pédagogie noire qui l’empêche de voir sa vérité même à l’âge adulte.

C’est en effet douloureux de savoir qu’en réalité, on n’a pas mérité les maltraitances et que nos parents ne nous ont pas aimés comme ils auraient dû…

Au fond, personne ne vient dire à l’enfant devenu adulte que la vérité est souvent le meilleur moyen pour s’en sortir.

Le pardon est un « pare réalité » pour Alice Miller.

Le pardon ne supprime ni la souffrance ni la haine de soi-même qui sont les résultats de la maltraitance subie dans l’enfance.

Pourquoi alors s’efforcer à comprendre les motivations des parents maltraitants et à leur pardonner à tout prix (même s’ils ne s’excusent pas, même s’ils nient les maltraitances et la souffrance exprimée) ?

Pardonner empêche la personne qui va mal à cause de maltraitances subies de vivre les sentiments qui lui ouvriraient l’accès à la vérité.

C’est seulement à partir du moment où l’adulte accepte de voir qu’il a commis une faute et le reconnaît que l’enfant (devenu adulte) peut l’excuser.

En conclusion, même si de nombreuses personnes disent l’inverse, cette psychanalyste met l’accent sur l’expression de la souffrance. Trouver, selon elle, des explications au comportement maltraitant des parents ne peut aider l’enfant maltraité même lorsqu’il est devenu adulte.

Il est parfois difficile de faire la part des choses seul. N’hésitez pas à vous faire accompagner par un thérapeute bienveillant.