Apprendre à aimer nos imperfections… tout un programme.

Aimer nos imperfections dans une société qui place la barre de plus en plus haut est parfois complexe. L’important, dans ce domaine, est de ne pas se résigner !

Dictature du bonheur, culte de la performance, culte de la minceur…..

J’imagine que vous vous êtes sans doute souvent senti inférieur dans bien des domaines, sous une pression sociale devenue hélas une sorte de « norme ».

Ainsi, il faudrait être parfaitement épanoui et habiter un corps de rêve, réussir à la fois sa vie amoureuse, familiale et professionnelle, rester zen et sauver le monde, bref, devenir un super-héros !

Face à une telle inflation, comment nous accommoder de nos inévitables complexes, de notre manque d’assurance, des épreuves que la vie nous envoie et qui nous empêchent d’être celui ou celle que nous espérions devenir ?

S’accepter suppose-t-il de nous infliger une discipline exigeante, au risque de n’être jamais satisfaits de nos exploits ? Ou de revenir à plus de douceur envers nous-mêmes, quitte à nous complaire dans nos propres empêchements ?

Je vous invite à lire les ouvrages du psychiatre Christophe André, qui nous apprend à nous méfier de notre bourreau intérieur.

L’auteur d’Imparfaits, libres et heureux est un homme en quête de sagesse, convaincu des vertus de la bienveillance envers soi et envers les autres, autant que de notre infinie capacité à progresser dans l’expression de nos talents propres.

aimer nos imperfections

Apprendre à aimer nos imperfections : l’avis de Christophe André.

D’après cet éminent psychiatre et spécialiste de l’estime de soi, oui, à défaut d’avoir toujours confiance en nous, d’être à la hauteur en toute circonstance, nous pouvons arriver à nous trouver « pas si mal », et même « plutôt chouettes ».

Citons justement Christophe André :

« Les problématiques d’acceptation de soi sont très liées à la peur du regard des autres. Robinson Crusoé sur son île n’a aucun problème avec lui-même. L’enjeu est moins individuel que relationnel. Car l’être humain, disait Montesquieu, est un animal social. Pour lui, l’appartenance au groupe est vitale. S’il est mis à l’écart par ses pairs, il dépérit. Nombre d’expériences en psychologie sociale ont mis cela en évidence. Le rejet est une expérience si terrible que nous sommes prêts à tout pour ne pas y être exposés, y compris à prétendre le contraire de ce que nous croyons. Dans certaines cultures, le fait d’être marabouté ou maudit, c’est-à-dire de subir une exclusion sociale, peut entraîner la folie ou la mort. Tout comme ici le fait, en entreprise, d’être placardisé. Pour s’accepter soi-même, la voie la plus simple est donc de se sentir accepté par les autres. »

Christophe André nous rappelle que la société actuelle nous complique la tâche :

« D’abord en exacerbant ce que les sociologues appellent les « tensions comparatives » : qu’il s’agisse de l’apparence physique, du bonheur, de la réussite, nous sommes exposés à des modèles de plus en plus exigeants, auxquels nous nous mesurons forcément. Si l’écart n’est pas trop grand, tout va bien. Mais la vie rêvée des stars, les corps retouchés des mannequins sont totalement hors norme. Même si nous essayons de ne pas en tenir compte, tous ces modèles extraordinaires finissent par modifier nos repères et saper nos capacités d’autosatisfaction. Donc, d’un côté, la barre est mise de plus en plus haut. Mais de l’autre, nous pouvons de moins en moins ignorer le malheur qui s’abat sur tant de gens frappés par la précarité, l’exode, les attentats… S’occuper de son propre mieux-être dans un tel contexte peut paraître terriblement vain ou égoïste. Et accroître notre culpabilité, en plus de notre sentiment d’impuissance. Mais c’est un moteur d’action intéressant. Si l’on ne répond pas à la culpabilité par un engagement, en effet, l’image de soi commence à se délabrer. Pour autant, s’occuper de soi et s’occuper des autres n’est pas incompatible. Le bien-être, ce n’est pas comme l’eau : il ne sert à rien de fermer le robinet d’un côté pour augmenter le débit ailleurs. Viser notre propre épanouissement comme celui des autres contribue au contraire à nous rapprocher de nos idéaux, à faire que nous nous sentions plus cohérents. »

Apprendre à aimer nos imperfections, c’est aussi cela souvent le déclic qui nous fait envisager une thérapie. Pour vivre mieux, apprenez à vous aimer, la vie vous semblera tellement plus légère !